Lorsque j’étudiais l’œuvre de Robert Le Ricolais, la performance des structures était particulièrement dictée par l’idée du poids, et ce à travers l’adage : « portée infinie, poids nul ».

L’idée de progrès était fondée sur le rapport entre géométrie et système statique à travers une performance quantitative sur les matériaux mis en œuvre. Pourtant l’idée de frugalité retrouve aujourd’hui toute son acuité dans un monde ou l’attention aux ressources naturelles devient prégnante, dans une architecture ou l’attention au monde prend tout son sens. La conception des structures en architecture se fonde donc sur cette idée d’appartenance, où le projet puise, dans son regard sur le monde, sa signification dans une attitude généreuse et raisonnée.
Notre travail se situe donc à cette rencontre de manière sensible.

L’art de la transformation
Nous construisons à partir des matières du monde que nous transformons radicalement, tant par l’extraction que par la construction, tant par l’utilisation des matériaux que par l’installation du projet, dans un cycle long qui du paysage au paysage extrait, transformé, construit et détruit, mobilise une quantité d’énergie importante. Transformer cet usage des matériaux en matérialité sensible installe l’architecture en art de la transformation responsable et donne un sens à ce travail, tant dans sa dimension paysagère, constructive, écologique que sociale. Si nous nous éloignons ici du pur champ de la rationalité constructive, c’est pour la situer dans une perspective plus large, où l’idée de frugalité développée précédemment s’inscrit dans une perspective historique.
Nos projets parlent du contemporain. Puisque l’architecture appartient au champ culturel, celui de la culture architecturale, celui de la culture technique, elle se doit d’être responsable.

Une architecture d’appartenance
Les projets que nous développons sont toujours fondés sur deux approches, celle de la situation et celle de l’expression du travail à travers la matière transformée.
La leçon du paysage, tant d’un point de vue géographique qu’historique, est partout présente, elle indique les conditions du projet dans son développement situé, un regard qui fait de celui-ci un objet spécifique et non pas générique. L’expression du travail à travers la matière transformée intègre le projet dans une dimension constructive qui dépasse l’assemblage, mais s’installe comme une mémoire à travers la mise en œuvre.

Créer un lieu et du lien
Les projets que nous réalisons s’installent dans l’hypothèse du lien en créant des lieux partagés, en mettant toujours l’espace public au centre du dispositif architectural et urbain. Toujours l’espace public est l’espace du partage, l’espace de la représentation de la société pour laquelle nous construisons, l’espace de la démocratie.
C’est un travail de passeur que je vous propose ici. Créer du lien pour dépasser les abîmes qui séparent les hommes, créer des lieux pour mettre en partage le monde qui les réunit.

Marc Mimram