Fabrique

Nous pensons à contrario, que construire permet de penser le projet, que la matérialité donne sens au projet et ne peut être distinguée de la phase de conception. Dans cette logique chaque projet est le prétexte, l’occasion d’une narration et d’une aventure spécifique autour de l’action de construire. Chaque projet trouve le support de déploiement du savoir-faire de l’architecte-ingénieur. Cette composante, objet d’une attention accrue, contribue à l’identité du projet et devient la matière du partage entre le concepteur, le client et le constructeur. Cette envie de caractériser le projet au travers de la production d’une géométrie particulière, d’un module spécifique, d’une enveloppe unique, d’un élément de structure singulier, d’une matière remarquable… accompagne le développement du tout et participe à fonder ou à révéler l’intention urbaine ou architecturale. Mais c’est aussi ce par quoi va s’opérer le plaisir d’une approche calculatoire, de l’utilisation d’un matériau dans des conditions bien spécifiques (fonte, inox, bfup, brique, verre, bois, terre…), d’une mise en œuvre inattendue et qui stimule l’envie de faire à tout moment du projet. C’est un objectif commun, un but partagé, pour lequel chacun déploiera son savoir-faire et par lequel chacun s’enrichira. Cette expérience singulière d’une fabrique partagée contribue à fonder un projet commun.

Cette recherche prospective sur les matériaux et sur leur utilisation apaisée, nous ouvre des perspectives toujours renouvelées. Les projets ne sont pas pensés hors de ce champ de la matérialité mais bien au contraire, y trouvent souvent leur origine : « matières à penser » intègre le domaine de la discipline architecturale et nous met en compagnonnage avec ceux qui font, avec plaisir et attention.

Cette attention permanente à la matérialité du projet nous met dans des conditions nouvelles par rapport au chantier. La production se déplace vers l’usine, et celle-ci intègre le projet de manière quasi symbiotique ; plans, calculs, représentations, intègrent la chaîne de fabrication jusqu’aux bancs de découpe automatisés des feuilles d’acier, des pièces filées d’aluminium, des coffrages pour le béton et des assemblages pour le bois…

Réintégrer la fabrique dans le processus du projet, permet de retrouver les plaisirs du faire, de la mise en œuvre, des savoirs que l’architecture mobilise et dont le construit raisonné témoigne.